Colditz , Oflag IVC, Saxe ...

      
    Cette fois, l’effectif sera scindé en plusieurs groupes qui prennent des directions différentes. Le mien, composé de quelques centaines de prisonniers, prendra la route. Nous marcherons une journée entière, et nous arrêterons à la nuit tombée dans un village où on nous enferme dans l’église.

      Le lendemain, même programme pour loger le soir dans un vaste hangar bourré de foin. Nous apprécions beaucoup ce foin qui nous fait une couche souple et tiède. Le lendemain sera beaucoup moins drôle pour moi. Ces deux derniers jours de marche ont déclenché dans mon genou droit un épanchement de synovie, et ce troisième jour de marche sera pour moi un vrai supplice.

    Inutile de penser s’arrêter au bord de la route : les sentinelles ne le tolèrent pas. Il me faut donc marcher, mais je vais moins vite que les autres. Aussi j’essaie d’être, au départ, en tête de la colonne. Peu à peu je suis dépassé par tout le monde. Et quand arrivent les dix minutes de pause chaque heure, je continue à marcher pour rejoindre la tête.      

    
Colditz

      C’est donc exténué que j’arrive à notre arrêt du soir. Cette fois nous nous allongeons par terre dans le terrain clos et couvert d’un centre équestre où on dresse les chevaux.
J’essaie de voir un médecin le lendemain, mais rien à faire, il faut marcher. Le quatrième jour, la souffrance sera la même, mais enfin au soir on arrive à destination : au petit camp de Colditz sur le bord de la Mulde.

      Ici : aucun confort, on dort par terre. Je retrouve mes camarades et couchons côte à côte dans l’embrasure d’une grande porte verrouillée.