Cette fois, l’effectif sera scindé
en plusieurs groupes qui prennent des directions différentes. Le
mien, composé de quelques centaines de prisonniers, prendra la
route. Nous marcherons une journée entière, et nous arrêterons
à la nuit tombée dans un village où on nous enferme
dans l’église.
Le
lendemain, même programme pour loger le soir dans un vaste hangar
bourré de foin. Nous apprécions beaucoup ce foin qui nous
fait une couche souple et tiède. Le lendemain sera beaucoup moins
drôle pour moi. Ces deux derniers jours de marche ont déclenché
dans mon genou droit un épanchement de synovie, et ce troisième
jour de marche sera pour moi un vrai supplice.
Inutile
de penser s’arrêter au bord de la route : les sentinelles
ne le tolèrent pas. Il me faut donc marcher, mais je vais moins
vite que les autres. Aussi j’essaie d’être, au départ,
en tête de la colonne. Peu à peu je suis dépassé
par tout le monde. Et quand arrivent les dix minutes de pause chaque heure,
je continue à marcher pour rejoindre la tête.